Dans le contexte actuel de crise sanitaire et de confinement des personnes, nous sommes confrontés à un certain nombre de problématiques pour les éleveurs canins. La Centrale Canine cherche à leur répondre le plus précisément possible en fonction de leurs questions. C’est pourquoi les points suivants ont été abordés avec l’ordre des vétérinaires et l’AFVAC :
Je suis éleveur professionnel/particulier. En période de confinement, mon vétérinaire a-t-il le droit :
d’identifier mes chiots ?
de vacciner mes chiots (primovaccination) ?
de rédiger des certificats vétérinaires avant cession pour mes chiots ?
de se déplacer jusqu’à mon élevage si nécessaire ?
Mon vétérinaire est-il en droit de refuser d’effectuer certains actes s’il juge qu’ils ne sont pas urgents ?
Quels conseils donner aux nouveaux propriétaires concernant la primovaccination ? Devront-ils faire réaliser le protocole entier de primovaccination après le confinement ?
La réponse du docteur vétérinaire Jacques Guérin, président de l’Ordre National des Vétérinaires :
Les vétérinaires se réfèrent aux recommandations de l’Ordre des vétérinaires dans un contexte de propagation du virus SARS-CoV-2 dont chacun mesure chaque jour les effets délétères sur les personnes fragiles, sur les équipes vétérinaires mais aussi sur les clients des vétérinaires, et nos entourages respectifs.
Vous me permettrez d’évoquer la note de service DGAL/SDSPAS/2020-218 du 1er avril 2020. Elle a pour objet de lister les missions essentielles qui doivent être maintenues dans le respect des règles édictées par le gouvernement dans le cadre de la gestion du Covid19, afin d’en limiter la propagation.
La fin du préambule explicite sans ambiguïté que « dans tous les cas, l’application des gestes barrières et des mesures de distanciation sociale reste essentielle ». Cette précision doit être comprise comme impérative, préalable à tout acte quel qu’il soit et non négociable pour la sécurité et la santé de tous.
C’est dans ce sens qu’agissent les vétérinaires.
L’instruction technique DGAL/SDSPA/2020 du 20 mars 2020 indique au titre des autres activités vétérinaires libérales, en se référant à l’article 1 du décret 2020-260 du 16 mars 2020 premier alinéa, que « toute activité nécessitant un déplacement chez un détenteur ou propriétaire d’animaux doit se justifier comme étant insusceptible d’être différée ». Cette règle s’applique à l’ensemble des professionnels vétérinaires et non vétérinaires qui interviennent dans les élevages ou à domicile à quelque titre que ce soit. J’attire de plus votre attention sur l’obligation de respecter strictement les mesures d’hygiène définies par le Ministère de la santé et tous les moyens mobilisés pour veiller à leur application, par le personnel et les clients.
Mon message aux vétérinaires a dès lors été le suivant. Il est constant et sans ambiguïté :
– « En considération des moyens de protection qui font défaut (masques FFP2 – gel hydroalcoolique), l’Ordre des vétérinaires recommande de mettre en place opérationnellement et de manière rigoureuse les autres mesures de biosécurité et de promouvoir les gestes barrières définis par le Ministère de la santé auprès des clients, dans les établissements de soins vétérinaires, à leur domicile et sur les lieux d’élevage ».
– « L’Ordre des vétérinaires est pleinement conscient que la mesure de distanciation sociale d’un mètre est peu réaliste à mettre en oeuvre dans de nombreuses situations de notre quotidien professionnel, lorsqu’il s’agit par exemple de contenir un animal ou lors d’opérations de prophylaxie sur les petits ruminants. Les préconisations du gouvernement paraissent bien théoriques et illusoires lorsqu’elles sont regardées à l’aune de la » vraie vie » d’un vétérinaire et des équipes qui l’entourent ».
– « L’Ordre des vétérinaires appelle les vétérinaires à prendre leurs décisions de manière raisonnée, en toute connaissance de cause, dans le respect des valeurs attachées à notre profession, profession de santé, sans méconnaître leurs responsabilités de chef d’entreprise ».
Les vétérinaires sont engagés et répondront présents, en toute connaissance des risques qu’ils prennent, pour assumer leur devoir envers la société, de permanence et de continuité des soins aux animaux malades et pour surveiller les maladies réglementées.
Concrètement, cela implique que les vétérinaires font des choix dans leurs modalités d’exercice et le report des actes et des chirurgies qui ne mettent pas en jeu la vie des animaux. L’identification, la vaccination et la certification en font partie.
Dans ces circonstances exceptionnelles, le travail des professionnels s’en trouve dégradé, nous en sommes conscients et sachez bien que nous le déplorons. Chacun de nous doit accepter les effets négatifs du confinement dans sa vie personnelle ou professionnelle. C’est à ce prix que collectivement nous aurons la certitude d’avoir fait le maximum pour sauver des vies et protéger les plus fragiles.
Dès que la situation sanitaire du pays le permettra, soyez assurée que les vétérinaires seront à vos côtés pour reprendre au mieux leurs activités auprès des éleveurs canins et trouver des solutions scientifiquement validées par les experts en matière de continuité des protocoles de vaccination. Des travaux ont déjà démarré à cet effet.
La réponse du docteur vétérinaire Jean-François Rousselot, président de l’AFVAC :
Les mesures barrières s’appliquent à tous et concernent les rapports entre les personnes mais aussi entre l’Homme et l’animal, le chien, notamment, celui-ci pouvant être un support passif du virus transmis par un Homme infecté.
Dans ce contexte grave, inédit, la profession vétérinaire a courageusement relevé le défi de se placer dans des conditions optimales pour ne pas contribuer à l’émergence d’une crise sanitaire animale.
Son choix a été d’assurer tous les soins que le bien-être et la santé des animaux exigeraient, et qui ne seraient pas susceptibles d’être différés, dans le souci de rester au service de l’élevage, canin notamment.
Quelle que soit la légitimité et l’intensité de la pression à laquelle il se trouve soumis, le vétérinaire sollicité ne doit jamais perdre de vue le caractère instable d’une balance bénéfices incertains/risques potentiels, conséquence de la situation sanitaire actuelle, dans laquelle l’appréciation du risque reste de la responsabilité du professionnel de santé. La qualité des informations, généralement téléphoniques, transmises par l’éleveur est primordiale pour faciliter la prise de décision. Le couple éleveur/vétérinaire a déjà une belle expertise positive dans ce domaine !
Chaque situation particulière ne peut trouver de ce fait une solution que dans le cadre du respect scrupuleux de règles générales dont le but est de protéger au mieux la santé de l’éleveur, du vétérinaire et de leurs équipes, tout en apportant dans des conditions aussi bonnes que possible les soins qu’exigent dans une situation donnée, le maintien du bien-être et de la santé des chiens.
Ces règles sont soumises à un respect intransigeant des conditions suivantes :
– le libre accès des établissements de soins vétérinaires est suspendu ;
– les interventions non urgentes doivent être différées ;
– les interventions ne pouvant pas être différées sur site d’élevage ne peuvent se faire que dans des conditions de respect des règles de biosécurité relatives au Covid ;
– la vaccination uniquement si la pression infectieuse le nécessite ;
– les états de lieux en élevage ne sont réalisés qu’en cas de suspicion de maladies sujettes à notification obligatoire.
Au bénéfice de nos chiens, elles doivent être scrupuleusement appliquées au cas par cas, après évaluation par le vétérinaire du risque sanitaire et du caractère indispensable ou/et urgent de chaque intervention, afin de ne faire courir de danger, si minime soit-il, à aucun des acteurs.
(Source -Centrale-News – la newsletter de la centrale canine)