Revue 110, 1er semestre 2024. Un article Daniel Provost.

Après avoir mûrement réfléchi sur le choix des origines et d’un éleveur sérieux et compétent, voilà le chiot de 2 mois arrivé à domicile.
Première question : où va-t-il vivre ?
À la maison ? Pourquoi pas ! Au chenil ? Très bien.
« Nous avons un parc ou un grand jardin clos, il sera heureux en
liberté » ? La plus mauvaise idée.
Un chien d’arrêt, c’est au chenil, à la maison, en laisse ou au travail, JAMAIS en liberté.
Un jeune chien se sert de tous ses sens, avec des priorités selon son âge, qui seront, dans l’ordre : la vue, l’ouïe et l’odorat.
Laisser un jeune chien en liberté, c’est inévitablement privilégier la vue et l’ouïe ; il poursuivra merles, tourterelles, pigeons et toutes sortes d’oiseaux qu’il verra et entendra, au détriment de l’odorat, qui ne lui servira, éventuellement, qu’à détecter les mulots ! Tout faux. Et je ne parle pas de l’excès d’exercice préjudiciable à un squelette encore fragile.
Une règle : un chiot doit faire 5 minutes d’exercice journalier par mois d’âge !
Laisser un jeune chien d’arrêt en liberté, c’est comme laisser un adolescent dans la rue : il deviendra un délinquant !
Un chiot en liberté n’a ni foi ni loi, et n’a surtout besoin de personne.
Un chiot vivant au chenil sera inféodé à son maître : « il va venir me sortir, il va venir me donner à manger, il va me caresser », etc.
Un conseil : commencer l’éducation le plus tôt possible et terminer le dressage le plus tard possible.
Socialisation : l’habituer aux personnes étrangères, aux bruits de la vie courante, mais aussi à d’autres congénères est indispensable, et nécessite donc de se servir de toutes les occasions qui se présenteront.
La discipline de base : elle est essentielle, et trop souvent délaissée au détriment de moyens plus faciles comme le collier électrique.

  • Marche en laisse,
  • Down au pied puis progressivement à distance,
  • Rappel au pied puis progressivement à distance,
  • Sortir du chenil, de la voiture, passer une porte, partir sur le
    terrain À L’ORDRE – cela change tout, et tous ces exercices
    d’assouplissement ont le même but : c’est vous qui décidez, pas lui.

Tout cela en milieu fermé, d’abord, voire en longe, avant de passer en milieu ouvert.
À chaque fois qu’un ordre à distance n’est pas exécuté, revenir en arrière à une leçon au pied ou à plus courte distance, et c’est
seulement une fois votre chien déjà « bien aux ordres » que vous pouvez commencer et poursuivre son dressage du rappel. Ne
jamais céder !
Mise en présence de gibier : dès l’âge de 4 à 6 mois pour déclencher les instincts, de recherche du gibier, surtout, et non
de l’arrêt, qui chez un sujet de bonne lignée se déclenchera de manière instinctive, et à 2 conditions impératives :

  1. Les sorties doivent être relativement courtes.
  2. Ne lui infliger aucune contrainte, le laisser remonter, mettre à
    l’envol et poursuivre comme bon lui semble. Le premier contact
    doit toujours rester un bon souvenir. Un chien n’oublie jamais.

Coup de feu : les premiers coups de feu, au pistolet 6 mm, d’abord, se feront toujours lorsque le chien est en mouvement,
de préférence lorsqu’il poursuit un gibier. La méthode « à la gamelle » ? Pourquoi pas ! Personnellement, je ne l’ai jamais utilisée,
je préfère la relation avec un gibier.
Ne jamais oublier que la compréhension d’un chien est toujours liée de cause à effet.
Exemple : une peur « panique » du coup de feu après l’envol d’un oiseau se traduira, si vous insistez, par une peur « d’appréhension » dès la prise d’émanation, et se traduira par un blinkage selon le
processus suivant :
Émanation = gibier / gibier = envol / envol = coup de feu / coup de feu = peur / peur = blinkage (changement de direction, dans notre cas pour éviter le gibier) !
Résultat : la CAUSE (prise d’émanation) produira l’EFFET : blinkage.
Boite d’envol ? Inutile de se voiler la face, il devient de plus en plus difficile pour la très grande majorité d’entre nous de pouvoir
mettre un jeune chien en présence.
L’utilisation de pigeons voyageurs est un moyen peu coûteux et
peu exigeant de mise en présence.
ATTENTION : la volonté de la grande majorité des utilisateurs est de vouloir faire arrêter leur chien, et ils commettent souvent l’erreur d’attendre le dernier moment pour déclencher la boîte, avec, parfois, les conséquences néfastes qui s’ensuivent.
Un conseil : dès que votre chien perçoit l’émanation, déclenchez, et laissez poursuivre. Profitez-en pour les premiers coups de feu
au pistolet.
Même s’il ne perçoit aucune émanation, déclenchez quand même, il sera content d’avoir vu quelque chose, s’en souviendra la fois
suivante, et, au fil des sorties, sera plus attentif et concentré.
La boîte d’envol a l’avantage de permettre de se rapprocher au mieux du comportement d’un gibier sauvage : dès que l’on s’en
approche trop, il vole, alors n’hésitez pas à faire voler !
Au fur et à mesure des sorties, votre chien finira par arrêter, et là, surtout pas d’appui ni sur l’arrêt (déclencher au premier pas), et
encore moins à l’envol.
Pourquoi ? La majorité des chiens qui ont des problèmes à couler les ont parce qu’ils ont été trop bloqués et sanctionnés sur leurs
arrêts ou à la sagesse à l’envol.
Une astuce : différencier les deux, arrêt et sagesse.
Lorsque votre jeune chien arrête : aucune contrainte. Lorsqu’il poursuit après une mise à l’envol, intervenez, sans succès
probablement la 1re fois, mais la bonne compréhension d’un dressage n’est qu’une affaire de répétitions.
Autre astuce : mettez 1 ou 2 pigeons dans votre dos. Lorsque votre chien revient vers vous, lâchez le pigeon et accourez pour stopper votre chien. Éloignez la distance au fur et à mesure de la progression, et, si vous avez auparavant bien travaillé le down à distance, vous obtiendrez une sagesse rapidement au simple geste. Et c’est seulement après ce résultat que vous pourrez, si vous le souhaitez, commencer la sagesse après l’arrêt.

Un conseil : pas de sagesse à l’envol avant de lui avoir tiré un

gibier.

Collier électrique : je n’ai rien contre cet instrument bien utile lorsqu’il est bien utilisé (rappel, poursuite lièvres ou chevreuils), jamais à l’envol. Par contre, souvenez-vous que cet outil n’a jamais appris aucun ordre à un chien, mais peut seulement vous permettre de faire exécuter des ordres que le chien connaît, si vous les lui avez appris.

Toujours garder en mémoire qu’un jeune chien doit conserver l’envie de trouver et jamais la crainte de faire voler !